La jungle amazonienne en Bolivie

Après une bonne nuit réparatrice et un plongeon dans la piscine au Mirador, nous avons rendez-vous avec Alex & Norman de l’agence Madidi Jungle au village. Ils nous attendent à 8h15 précise pour partir en pirogue rejoindre le Parc National Madidi.

Notre pirogue nous attend au bord de la rivière dans le village même de Rurrenabaque. Nous enfilons notre gilet de sauvetage, quelques vivres pour le Lodge et la communauté San Jose de Uchupiamonas qui y travaille. Nous voici déjà très vite dans les forts courants du Rio Béni. Après 1h30 de navigation à contre-courant, nous arrivons à la porte d’entrée du Parc national Madidi. Arrêt chez les rangers pour nous acquitter des droits d’entrée de 200 bolivianos par personne.

Nous apprenons alors avec grande tristesse que le gouvernement bolivien désire installer une centrale hydroélectrique à l’emplacement exact où nous sommes. Des bornes de mesures sont déjà installées sur les rives du fleuve pour mesure la montée des eaux. Les communautés locales qui y vivent depuis toujours sont bien entendu désemparées par un tel souhait. Ce serait alors une catastrophe écologique gigantesque, une mise sous eaux d’une forêt encore vierge et préservée ainsi que des villages.

Sur ces nouvelles foudroyantes, nous empruntons une plus petite rivière connue sous le nom de Tuichi.

Pour faire avancer notre embarcation, un homme s’occupe du moteur à l’arrière de la pirogue et un autre à l’avant muni d’un long morceau de bois en bambou. Il pointe régulièrement ce bâton d’une main assurée au fond de la rivière pour juger de la profondeur du fleuve. D’un geste rapide, précis et incompréhensible, il indique à son acolyte à l’arrière comment corriger sa trajectoire et éviter les passages délicats. D’une efficacité redoutable, nous avançons au rythme du courant vers la, tant attendue « selva ».

La selva désigne la forêt amazonienne. Changement de décor radical avec la pampa que nous avons quittée la veille. L’Amazonie, c’est la jungle, la vraie, celle aux hectares de forêts vierges, véritable poumon vert de la Terre !

Ca y est nous y sommes, posé en bordure de rivière, caché derrière une végétation dense en lisière de la jungle, nous découvrons notre Lodge : le Madidi Jungle Ecolodge. Ce sera notre point de base pour les 3 prochains jours de notre expérience en jungle avec les enfants. Nous avons volontairement choisi un organisme avec un confort en chambre avec des moustiquaires et sanitaires. Nous laissons le mode « survival » pour les plus téméraires. Voyager avec des enfants en jungle oui mais de manière encadrée c’est le minimum.

Il est temps pour nous de voir ce que nous réserve l’Amazonie. Mais avant, nous prenons nos quartiers dans notre joli bungalow et profitons du hamac avant de passer aux choses sérieuses !

Ces trois prochains jours seront principalement consacrés à randonner dans la jungle amazonienne et y découvrir ses trésors mais pas que !

Jungle Amazonienne - Parc National Madidi (43)

Le parc National Madidi est un des parcs de Bolivie qui héberge le plus de biodiversité, en faune et en flore et aussi en étages écologiques car il s’étend des neiges perpétuelles aux plaines amazoniennes et héberge différentes communautés sur son territoire.

Le parc fut déclaré par la revue National Geographic comme une des zones contenant le plus de biodiversité et un des 20 lieux de haut intérêt touristique au niveau mondial. 

Grâce à son énorme qualité environnementale, il génère des bénéfices économiques significatifs pour la région à travers la conservation et l’écotourisme.

Nous marcherons chaque jour. Sur chaque randonnée, ce sera une durée de plus ou moins trois heures. Accompagné de notre guide Norman, issu de la communauté San Jose de Uchupiamonas, nous apprenons l’utilité de la flore pour leurs habitations, leur vie quotidienne. Nous sommes subjugués par ses connaissances en plantes médicinales. Chaque plante, arbre de la forêt amazonienne à des vertus insoupçonnées pour nous, petit européen que nous sommes. La jungle offre quasiment tout ce qui est nécessaire à nos besoins. On apprend lentement à la comprendre et à la ressentir. J’espère sincèrement que cette connaissance perdurera encore pour des générations à venir.

On pense que la zone fut habitée bien avant l’époque coloniale. Ces communautés précolombiennes, comprenant diverses ethnies, auraient été plus développées que les populations vivant actuellement à cet endroit.  
Lors de la conquête espagnole les colons ont rassemblé ces ethnies en regroupements appelés les réductions (Apolo, Tumupasa, Moxos, San José de Uchupiamonas, San Buenaventura, etc.), leur imposant leur langue et leur religion. Cette colonisation a eu un impact énorme sur les cultures préhispaniques qui bientôt furent unifiées et fusionnées en une seule ethnie; les tacanas. Les tacanas prédominent actuellement le territoire est de la zone protégée

 

Il suffit de lever les yeux de nos chaussures pour prendre pleinement conscience de cette végétation si dense. On s’y sent protéger, la chaleur n’est pas trop étouffante.

Jungle Amazonienne - Parc National Madidi (91)

Les moustiques tentent de nous perturber mais sans succès, nous sommes vigilants avec les enfants. Nous leur apprenons que la prudence est de mise. Il ne s’agit pas de mettre la main sur les troncs, ni de toucher les plantes, champignons et fleurs qui peuvent être nuisibles.

Norman attire notre attention sur plein de fourmis différentes plus ou moins dangereuses et agressives, dont les fameuses « gendarmes » travailleuses qui transportent toute une quantité de feuilles et aident la forêt à renouveler les sols. L’émerveillement dans ce monde végétal ne doit cependant pas nous distraire et nous veillons prudemment à enjamber toutes ces colonies de fourmis.

On lève les pieds et on prend garde.

L’Amazonie, ça respire l’aventure !

Un peu de survie au cas où, on apprend à trouver de l’eau potable au cœur même de certaines lianes surnommées aussi griffes de chat.

Jungle Amazonienne - Parc National Madidi (41)

La nature vibre ! Nous avançons au rythme de ses bruits, des nombreux cris d’oiseaux, d’animaux. Norman nous apprend à tendre l’oreille et à rester attentif. Mais le premier jour, nous avons un perturbateur peu commun qui nous accompagne : il se prénomme « Antonio » un gros et imposant Tapir mâle. Il a été recueilli par le Lodge tout bébé, sa maman étant tuée par un prédateur. Je crois qu’il nous aime bien, les enfants aussi. Il n’est pas courant d’avoir un tapir comme chien ! Dès que Nico, en fin de peloton n’avance pas assez vite, il reçoit gentiment un coup de nez dans les fesses ! Mais le summum, c’est bien lorsque nous sommes tous accroupis pour mieux admirer les singes : notre gentil Tonio ne trouve rien de mieux à faire que de faire pipi sur Iléna accroupie ! Vous pouvez imaginer notre fou rire général ! Il a marqué son territoire, Iléna sera sa fiancée de la forêt !

Nous verrons de nombreux oiseaux et apprenons à identifier leurs chants. Les singes hurleurs et les singes tamarindos nous font l’honneur de leurs présences. Quelle joie d’être au cœur de cette incroyable bio diversité.

Il est temps de remonter en pirogue sur la rivière Tuichi. On s’arrime le long de la rive boueuse. C’est reparti, on s’enfonce dans la forêt. Nous marchons dans la boue fraîche, nos chaussures de randonnées ont une nouvelle couleur et pèse chacune 1 kilo de plus. La marche est rude, l’humidité est omniprésente (comme nos amis les moustiques). Mais cette randonnée nous mène à une surprise pour les enfants. On arrive à la laguna Piranhas. Norman sort la « carne,viande » et immédiatement Iléna & Neoh devinent la suite :  « on va pêcher des piranhas ». On sort l’accessoire rudimentaire et indispensable pour pécher, un fil de pêche enroulé sur un simple morceau de bois. On accroche notre morceau de viande à l’hameçon et c’est parti. La technique est simple, on lance le fil de pêche, on tient sa ligne, quand on la sent vibrer on tire d’abord d’un coup sec ensuite on ramène la ligne. Rien de plus simple. On ne voit pas le temps passer ; on ne voit même pas le caïman qui nous observe à trois mètres du rivage ! On pêchera 6 piranhas en tout, elle fût fructueuse ! On donnera à manger au caïman du coup, histoire d’assouvir sa faim avant qu’il nous croque !

Après une sieste bien méritée à l’abri dans notre super bungalow, nous enfilons nos maillots pour une aventure peu commune, encore une ! Et oui, nous repartons en pirogue munis de nos gilets de sauvetage et de grandes bouées ! Nous remontons la rivière sur plusieurs kilomètres jusqu’à s’arrêter sur une rive sablonneuse. Ca y est, on a mis nos pieds dans la rivière couleur café. On s’installe chacun sur une bouée, Neoh sur la sienne avec Norman comme sauveteur personnel au cas où. Iléna sur la sienne avec un autre sauveteur mâcheur de cocas, papa avec princesse Lily et maman, la moins rassurée qui est semble t-il la seule à penser aux piranhas géants de la rivière et aux caïmans. Qu’à cela tienne, on s’élance dans le courant de la rivière, c’est parti, pas de marche arrière ! Nous voici dans les remous de la rivière Tuichi et on s’éclate comme des fous ! On plaisante, on savoure la température parfaite de l’eau. Une heure de descente qui me fait oublier les mangeurs du fleuve.  C’était une première encore, on a le temps de regarder le paysage vert omniprésent qui nous entoure. Sur chaque rive, on scrute, on écoute et on se laisse porter. Nous verrons des aras rouges et des perroquets verts en colonies.

La fin de notre séjour dans le parc national Madidi approche, mais nous avons encore un dernier souhait : voir les « macaws » « les perroquets aras » dans leur environnement ici dans la jungle.

Nous remontons dans la pirogue et empruntons alors une toute petite rivière. Arrimé au milieu de nulle part, il est temps de partir à travers la jungle boueuse pour un ultime voyage. Après 30 minutes de marche, nous arrivons face à la falaise aux aras. Face à cette falaise abrupte nous restons ébahit ! Ce sont les nids des aras. Ils sont là, devant nous. Ils volent en couple tout autour de nous. A cet instant, on réalise que nous voyons des aras dans la nature, la vraie ; la seule qui devrait exister !

Ce sera notre dernière image de ce séjour merveilleux avec les enfants dans ce monde peut-être hostile, sûrement … mais le seul Paradis, le vrai : le Poumon Vert de notre Terre.

4 réflexions sur « La jungle amazonienne en Bolivie »

  1. Wahou ! Vous avez vu un tapir .! Quelle chance ! Nous on a déjà passé plusieurs jours dans des zones réputées pour la présence de tapirs, mais rien pour l’instant … On devrait aller à Rurrenabaque d’ici quelques jours. On croise les doigts 🙂

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